2 mars 2021

Concevoir l’avenir de l’automobile au Canada

Le Comité d’experts sur les véhicules connectés et autonomes et la mobilité partagée

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Sommaire

Les véhicules autonomes, connectés, électriques et partagés (CASE) pourraient changer fondamentalement le monde du transport en rendant les déplacements plus sécuritaires, plus écologiques et plus accessibles. Ils offrent également de nouvelles possibilités à l’industrie canadienne, incluant le développement de logiciels, la fabrication de véhicules automobiles et de pièces, les services de mobilité partagée, l’infodivertissement, l’infrastructure, la gestion et l’analyse des données, ainsi que la sécurité.

Des prototypes de navettes et de taxis autonomes à basse vitesse sont déjà soumis à divers tests et sont susceptibles d’apparaître sur les routes urbaines dans les décennies à venir. Des véhicules de livraison autonomes circulent actuellement sur la route, et presque toutes les nouvelles automobiles produites possèdent, à un certain degré, un système avancé d’aide à la conduite et de connectivité.

Ces technologies continueront d’évoluer; elles connecteront un plus grand nombre de véhicules à d’autres voitures, à l’infrastructure et aux usagers sur la route. Bien que leur apparition au Canada semble inévitable, le moment de leur arrivée, leur adoption ainsi que leur acceptation générale demeurent incertains, tout comme les chances que leurs avantages soient pleinement réalisés. Les véhicules autonomes soulèvent également des questions importantes pour le respect de la vie privée et la sécurité, et ils pourraient potentiellement détériorer la qualité de l’air et empirer la congestion routière. De plus, ils pourraient augmenter les inégalités dans le monde du transport.

Pour éviter ces effets indésirables et profiter des avantages des véhicules CASE au Canada, nous devrons surmonter des défis techniques et sociétaux majeurs. L’atteinte de ces objectifs dépendra de la façon dont l’industrie, les consommateurs et les gouvernements répondent maintenant aux défis et aux possibilités. Les décisions prises aujourd’hui en matière de planification et de politiques liées au transport en commun, au conavettage et au transport actif détermineront comment, quand et où les véhicules ACEP seront utilisés au Canada dans les 10, 20 et 50 prochaines années.

Le commanditaire :

Innovation, Sciences et Développement économique Canada (ISDE)

La question :

À la lumière des tendances actuelles influençant l’évolution des technologies liées aux véhicules connectés et automatisés et à la mobilité partagée, quelles incidences ces technologies auront-elles sur l’industrie, les gouvernements et la population en général au Canada et quels types de possibilités et de défis présenteront-elles pour eux?

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Les véhicules autonomes, connectés, électriques et partagés (CASE) sont la promesse d’un système de transport plus efficace, efficient et intégré qui réduira la congestion routière, diminuera les collisions et offrira plus d’options de mobilité. Ils pourraient contribuer à rendre le transport plus équitable et accessible pour les aînés, les enfants et les jeunes, les personnes à mobilité réduite et celles qui vivent dans des régions peu desservies par le transport en commun. Cela dit, exploiter le plein potentiel des véhicules CASE nécessitera une interaction et une prise de décisions coordonnées entre tous les ordres de gouvernement, les acteurs de l’industrie, et les associations et organisations internationales concernées.

 

Principales constatations

 

La technologie des véhicules CASE évolue rapidement; on peut raisonnablement s’attendre à un certain nombre d’applications et de répercussions limitées au cours des dix premières années. À mesure que les réseaux de communication deviendront plus intégrés et omniprésents, les véhicules, eux, deviendront plus connectés aux autres voitures, aux infrastructures et aux usagers de la route grâce aux composants de véhicule, aux téléphones intelligents et aux dispositifs portables. Cette connectivité sera utilisée pour améliorer l’expérience de transport au moyen des services de mobilité partagée, de la gestion de la circulation, des fonctions de navigation, des systèmes de commande et de paiement, de l’infodivertissement et des fonctions de sécurité, entre autres utilisations. De manière similaire, les systèmes d’automatisation et l’électrification des véhicules continueront de s’optimiser et seront plus répandus.

Il est peu probable que le plein potentiel des véhicules CASE se réalise avant plusieurs décennies. La promesse à long terme de la mobilité future se concrétisera dans des véhicules CASE qui permettront à tous les gens de toutes les régions du Canada d’avoir accès à un transport à la demande, pratique, accessible et abordable. La réalisation de ces objectifs exigera de surmonter des défis techniques et sociétaux considérables, dont la probabilité est présentement débattue, en partie en raison de l’incertitude inhérente associée aux changements technologiques.

Les premières répercussions des véhicules CASE sur les personnes au Canada seront concentrées dans les régions urbaines. Le moment et l’approche choisis pour déployer les véhicules CASE sur les routes canadiennes ne seront pas les mêmes dans toutes les régions du pays, et ces régions ne connaîtront peut-être pas les mêmes résultats. Les politiques en matière de mobilité, les partenariats public-privé, les investissements dans l’infrastructure et les règlements provinciaux, territoriaux et municipaux façonneront l’intégration éventuelle des véhicules CASE dans les différentes régions du Canada.

Les véhicules CASE présentent à la fois des possibilités et des défis pour l’industrie au Canada. La production en série et la construction de véhicules CASE risquent de changer fondamentalement la structure industrielle du secteur automobile, alors que l’industrie verticalement intégrée de la fabrication de véhicules automobiles et de pièces fusionnera avec la structure réseautée et plus horizontale du secteur des technologies de l’information et des communications (TIC).

Une gestion urbaine proactive aidera à s’assurer que les avantages des véhicules CASE seront réalisables. L’apparition des véhicules CASE sur les routes du Canada dans les dix prochaines années et au-delà impliquera tous les ordres de gouvernement à travers toute une série de fonctions de l’État, et nécessitera la participation d’urbanistes, de commissions de transport et d’ingénieurs civils, notamment. Planifier activement les répercussions potentielles des véhicules ayant des niveaux plus élevés d’automatisation, de connectivité, d’électrification et d’utilisation partagée est important.

Le développement de la technologie des véhicules CASE devancera les lois et règlements relatifs à la responsabilité du fait des produits et aux assurances au cours des dix prochaines années. Des lois nouvelles ou modifiées seront probablement nécessaires pour traiter les questions de responsabilité dans les cas de collisions causées par des véhicules ayant des systèmes d’automatisation de plus en plus complexes. À long terme, si les véhicules CASE réduisent le nombre de propriétaires de véhicules personnels, à mesure que le conavettage et l’autopartage deviendront plus répandus, il pourrait y avoir une baisse des demandes d’assurance automobile personnelle et une hausse des demandes d’assurance automobile commerciale.

Les avantages potentiels des véhicules CASE pour l’environnement et la santé dépendent davantage des comportements de mobilité que des progrès technologiques. Les comportements de mobilité qui réduisent le nombre total de kilomètres véhicules parcourus (p. ex., le conavettage, le transport actif, le transport en commun) sont essentiels si l’on veut améliorer la qualité de l’air et la santé publique au Canada ainsi que diminuer la congestion routière, peu importe les avancées technologiques.

Les véhicules complètement autonomes ne sont pas encore disponibles — la technologie progresse, mais des défis restent à relever. Il subsiste une grande incertitude quant au niveau de déploiement des véhicules CASE au cours de la prochaine décennie. Dans l’hypothèse d’une résolution à court terme des problèmes technologiques et de l’élaboration de politiques et de règlements adéquats, des services de navettes autonomes et de taxis sans chauffeur pourraient être offerts aux consommateurs canadiens selon des scénarios limités, comme dans des noyaux urbains, dans les aéroports internationaux ou sur les campus.

Les véhicules CASE génèrent des volumes sans précédent de données et de nouveaux types de données qui sont autant de menaces pour la protection des renseignements personnels et la cybersécurité des véhicules. Les volumes plus élevés et les nouveaux types de données générés par les véhicules CASE offrent une possibilité d’augmentation de la sécurité, de coordination de la mobilité et d’efficacité, et d’amélioration de l’accessibilité. Ces données ouvrent également la porte à de nombreuses occasions d’affaires pour les constructeurs automobiles, les fournisseurs de services de mobilité, les assureurs automobiles et d’autres intervenants du secteur privé. Cependant, les risques d’atteinte à la vie privée augmentent également, provenant non seulement d’acteurs malveillants ou d’abus personnels, mais également de l’accumulation progressive de pratiques apparemment anodines de collecte et d’utilisation des données par différents acteurs.

Les répercussions potentielles des véhicules CASE sont multidimensionnelles et interreliées, ce qui nécessitera des initiatives horizontales et coordonnées. L’interconnectivité des systèmes de mobilité touche tous les aspects de la vie des gens et implique tous les ordres de gouvernement, et l’incidence potentielle des véhicules CASE est profonde. Une partie du défi de prévoir les répercussions des véhicules CASE sur l’économie canadienne, l’environnement et les gens réside dans le fait que bon nombre de ces répercussions seront déterminées par les décisions collectives de nombreux acteurs, que ces décisions soient prises de manière coordonnée ou non, et possiblement contradictoire.

Comité d'experts

Le Comité d’experts sur les véhicules connectés et autonomes et la mobilité partagée