Expert en vedette

Experte en vedette : Eddy Isaacs, FACG

Eddy Isaacs, FACG, est président d’Eddy Isaacs Inc., et conseiller stratégique en génie à l’Université de l’Alberta. Il a récemment assumé la fonction de premier dirigeant d’Alberta Innovates – Energy and Environment Solutions (AI-EES). À ce titre, M. Isaacs était responsable de l’orientation stratégique et des investissements technologiques de l’Alberta dans les domaines de l’énergie, des ressources renouvelables et émergentes et de la gestion de l’eau et de l’environnement. Il a consacré ses efforts à l’élargissement des collaborations et au renforcement des partenariats avec l’industrie et les gouvernements et à mettre à profit l’expertise et les ressources requises pour faire de l’Alberta un chef de file de l’innovation énergétique et environnementale.

M. Isaacs a joué un rôle de premier plan dans la promotion de l’innovation énergétique et environnementale au Canada et a coprésidé le Groupe de travail sur les technologies énergétiques du Conseil canadien des ministres de l’Énergie. Il est membre du comité consultatif scientifique du CAC depuis décembre 2015. Il a aussi été membre du comité d’experts du CAC sur la consommation énergétique et les changements climatiques.

QUESTIONS

Q : Vous avez eu une carrière bien remplie dans les domaines de l’innovation énergétique et environnementale. Pourriez-vous nous relater quelques faits saillants de votre parcours?

R : Mon premier emploi après mes études universitaires fut au sein du service de la recherche sur les sables bitumineux de ce qui était alors l’Alberta Research Council. Nous formions une petite communauté de chercheurs travaillant avec l’industrie, les universités et les laboratoires fédéraux. Je me rappelle l’enthousiasme qui nous animait alors que nous utilisions la science des surfaces et des colloïdes pour découvrir de plus en plus de choses sur les propriétés uniques des sables bitumineux et pour travailler à la commercialisation de l’exploitation in situ des sables bitumineux. Je me souviens aussi de la réaction positive à nos travaux de la part de professeurs comme Clay Radke de l’Université de la Californie à Berkeley et de feu Stanley Mason de l’Université McGill, qui visitaient fréquemment nos installations et avaient fourni une analyse critique de nos travaux. Bref, ce fut un formidable processus d’apprentissage et, en travaillant en équipe, nous avions non seulement mené des recherches d’envergure mondiale, mais nous avions aussi soutenu la commercialisation de la technologie du DGMV (drainage par gravité au moyen de vapeur).

Au cours des 16 dernières années, j’ai dirigé l’Institut de recherche sur l’énergie de l’Alberta (Alberta Energy Research Institute) et l’organisme qui lui a succédé, Alberta Innovates — Energy and Environment Solutions. Le fait saillant de cette période fut la croissance d’un personnel travaillant ensemble à développer les compétences et les outils nécessaires pour gérer convenablement un portefeuille de projets de recherche et de développement technologique dans les domaines de l’énergie et de l’environnement (plus de 150 projets à un moment ou à un autre). L’Institut a progressé d’un organisme de financement à une organisation dotée de l’expertise et des capacités voulues pour contribuer de manière importante à l’avancement de la recherche ou du développement technologique en énergie et en environnement. En plus de travailler avec un personnel hautement qualifié, j’ai travaillé avec un conseil d’administration exceptionnel qui nous a fait profiter de la supervision dont nous avions besoin et de son sens aigu des affaires, qui a été essentiel à notre travail.

Q : Lorsque vous avez amorcé votre formation postsecondaire, quel parcours de carrière entrevoyiez-vous pour vous-même?

R : À cette époque, je n’étais tout simplement pas conscient de toutes les options qui m’étaient offertes ou de la façon dont je devais m’y prendre pour me forger une carrière. Je me suis découvert une passion pour les sciences à l’école primaire, en Iran, et cette passion s’est renforcée au cours des deux années que j’ai passées à un pensionnat au Royaume-Uni. Ma famille a beaucoup sacrifié pour me permettre de poursuivre mes études, alors mon objectif était d’aller à l’université et d’étudier les sciences ou le génie. Mais par la suite, j’ai confié mon avenir à l’espoir et à la bonne fortune… et cela a porté ses fruits.

Q : Selon vous, qui « gagnez votre vie à dénicher de nouvelles technologies énergétiques » [traduction], quelles tendances se dessinent pour l’avenir énergétique et environnemental en Alberta et au Canada plus généralement?

R : Nous sommes entrés dans une nouvelle ère énergétique et la technologie évolue rapidement tant du côté des énergies renouvelables que de celui des combustibles fossiles. En même temps, les valeurs sociétales changent rapidement et les attentes du public sont à leur niveau le plus élevé en ce qui concerne l’environnement et le respect de la nature. L’économie canadienne est en grande partie basée sur les ressources et la transition vers une économie à faibles émissions de carbone constituera une tâche énorme et complexe. Pour demeurer concurrentiels, nous devons accroître notre cadence d’innovation à l’ère du numérique et nous positionner à l’avant-garde des technologies qui changeront la façon dont l’énergie est utilisée et fournie. L’Alberta a démontré à maintes reprises que les partenariats industrie-gouvernement sont essentiels à l’élaboration de solutions innovantes. Dans cette nouvelle ère, les partenariats doivent inclure les milieux environnementaux et autochtones. En un mot, notre monde évolue rapidement, les problèmes sont de plus en plus complexes; nous devons anticiper ce qui vient et la voie d’avenir est l’innovation – nous ne pouvons rester de simples spectateurs et participer à la joute en même temps.

Q : Comme membre du comité d’experts sur la consommation énergétique et les changements climatiques, y a-t-il des réflexions dont vous aimeriez nous faire part sur le processus suivi par les comités d’experts du CAC?

R : Il s’agit d’un processus unique réunissant des gens de formations et d’idées diverses, qui offrent collectivement un large éventail de compétences multisectorielles. Le CAC est particulièrement habile à choisir ses experts et à leur fournir les outils et le soutien dont ils ont besoin pour appliquer une approche fondée sur l’analyse des données probantes dans le but d’aider les décideurs et les Canadiens à prendre des décisions politiques judicieuses. Dans le cas du comité d’experts auquel j’ai participé, nous nous sommes entendus au terme de nombreux débats collégiaux sur les stratégies qui permettraient de limiter les coûts associés aux politiques liées aux changements climatiques et de concevoir des politiques qui sont suffisamment souples pour que les stratégies les plus économiques de réduction des émissions puissent être adoptées avant les stratégies les plus coûteuses. En participant à ce comité d’experts, j’ai élargi la conception que je me faisais de notre pays et de sa réponse aux défis que posent les changements climatiques.

Q : Vous êtes également membre depuis un an maintenant (depuis décembre 2015) du comité consultatif scientifique du CAC, où vous fournissez des conseils sur la composition des comités d’experts et votre éclairage scientifique concernant des évaluations éventuelles. Qu’est-ce qui vous a motivé à participer à cet aspect du processus du CAC?

R : En participant aux travaux d’un comité d’experts, j’ai pris conscience de la contribution extraordinaire que peut apporter un organisme comme le CAC afin d’aider le pays à se positionner pour l’avenir grâce à l’analyse rationnelle et indépendante des données disponibles. Mon implication au sein de l’Académie canadienne du génie (ACG) a également joué un rôle, puisque j’estime que les réalisations du CAC ont des retombées positives sur les académies membres comme l’ACG. Mon objectif est de veiller à ce que le CAC et l’ACG travaillent ensemble et se soutiennent mutuellement.

Q : Lisez-vous ou regardez-vous quelque chose pour votre simple divertissement actuellement?

R : J’ai récemment recommencé à lire les romans policiers d’Agatha Christie, après une pause de plus de 30 ans. Je ne suis pas certain que mon engouement actuel se maintiendra, mais cette lecture m’apaise avant le coucher. Sur le plan du divertissement, je suis l’équipe de soccer de Liverpool et je regarde leurs parties chaque fois que je le peux. Pour ceux que cela intéresse, ils occupent actuellement le troisième rang au classement de la Premier League.