Expert en vedette

Experte en vedette : Jeannette Montufar, FACG

Jeannette Montufar est partenaire et présidente-directrice générale chez MORR Transportation Consulting Ltd., un cabinet hautement spécialisé d’ingénierie et de technologie des transports situé à Winnipeg. Elle est également cofondatrice de TRAINFO Corp., un cabinet de technologie des transports basé à Winnipeg. Pendant près de 15 ans, elle a été professeure de génie civil à l’Université du Manitoba.

Mme Montufar a reçu plus de 15 prix en reconnaissance de sa contribution au secteur de l’ingénierie des transports, dont le Prix femme de mérite du YMCA/YWCA, le Prix pour le soutien des femmes en génie d’Ingénieurs Canada, le Prix d’enseignante distinguée Wilbur Smith de l’Institute of Transportation Engineers et le Prix du leadership d’Engineers Geoscientists Manitoba.

Elle préside actuellement le comité d’experts du CAC sur les véhicules connectés et autonomes et la mobilité partagée.

Q : Qu’est-ce qui vous a plu dans l’idée de donner bénévolement de votre temps et de votre expertise pour le CAC?

J’ai toujours été très engagée et vouée à la promotion de la profession d’ingénieur. J’ai la ferme conviction que les ingénieurs sont des agents de changement et que nous pouvons changer le monde lorsque nous nous y mettons. Donner bénévolement de mon temps est la meilleure façon pour moi de changer le monde une heure à la fois. Je m’intéresse beaucoup aux VCA dans mon travail professionnel et mes recherches. L’occasion était donc idéale pour moi de marier un sujet d’intérêt technique et la possibilité de contribuer au développement de la profession.

Q : Avez-vous quelques réflexions à nous faire partager sur le processus des comités d’experts?

J’ai été très heureuse et honorée de participer à ce projet du CAC. J’ai été très impressionnée par le degré de professionnalisme démontré par tous les membres du personnel qui ont participé au processus. J’ai toujours eu la conviction que les caractéristiques de la culture d’une organisation sont établies par les dirigeants de l’organisation et il n’y a aucun doute dans mon esprit que le CAC est très fortuné d’être dirigé par une équipe aussi compétente. Concernant le processus, je pense que le CAC excelle dans l’art de tirer des membres des comités d’experts une contribution impartiale à chaque projet. C’est avec un grand souci du détail que ces experts sont choisis pour garantir la rigueur scientifique et l’objectivité de chaque rapport et pour favoriser une approche décisionnelle fondée sur des données et des preuves concrètes.

Q : S’il n’en tenait qu’à vous, sur quel sujet ou quelle question d’évaluation aimeriez-vous travailler?

Un sujet d’évaluation : les implications de la sous-représentation des femmes et des Autochtones dans la profession d’ingénieur. Actuellement, les femmes représentent approximativement 12 pour cent des ingénieurs actifs et les Autochtones moins d’un pour cent. Cette sous-représentation doit avoir une incidence défavorable sur chaque aspect du processus d’ingénierie, soit la planification, la conception, la construction, etc., ce qui se répercute ensuite sur notre économie et notre société.

Q : Le génie a-t-il toujours été votre domaine de prédilection? Si non, quelle autre carrière aviez-vous envisagée?

Je n’envisageais pas de devenir une ingénieure. J’ai toujours rêvé d’être une avocate spécialisée dans les droits de la personne. Mais alors que j’allais entrer en 10e année, ma famille a immigré au Canada et je ne parlais pas un mot d’anglais. Un conseiller pédagogique m’a suggéré de faire des études en génie parce que j’étais « très bonne en mathématiques et que mes lacunes en anglais n’auraient pas vraiment d’importance ». La suite des choses, nous la connaissons. Donc, bien que je me sois orientée vers le génie pour les mauvaises raisons, je suis heureuse de l’avoir fait. Je suis tombée en amour avec la profession en cours de chemin et j’ai travaillé sans relâche à promouvoir le savoir au sein de cette profession. Et d’ailleurs, il est essentiel de maîtriser l’anglais en génie. Personne ne devrait croire qu’on est destiné au génie si l’on aime les mathématiques et les sciences, mais qu’on a par ailleurs des difficultés en anglais.

Q : Vous avez beaucoup contribué à encourager les femmes à étudier en génie et, en 2018, Ingénieurs Canada vous a décerné le Prix pour le soutien des femmes en génie. Avez-vous constaté une évolution de la situation des femmes au sein de la profession d’ingénieur au cours de votre carrière? Qu’est-ce qu’il reste à faire?

Au cours de mes 25 années d’exercice, les choses ont beaucoup évolué pour les femmes en génie. J’ai vu le nombre de femmes poursuivant une carrière en génie augmenter. J’ai aussi constaté l’adoption de mesures par diverses organisations pour recruter activement de jeunes ingénieures. Ce sont là des actions positives qui aident à faire pencher la balance dans la bonne direction et, compte tenu de cette tendance, je pense que l’occasion est maintenant bonne de commencer à réfléchir aux moyens qui pourraient être mis en œuvre pour améliorer la rétention des femmes au sein de la profession. Je pense nous avons eu plus de succès à attirer les femmes qu’à les retenir. Certaines études ont montré qu’approximativement 40 pour cent des femmes ayant obtenu un diplôme de génie ont soit quitté la profession ou n’ont même jamais intégré le marché du travail. Ce phénomène est très problématique parce que si la tendance se poursuit, il faudra énormément de temps pour qu’il y ait suffisamment de femmes ingénieures au sein de la profession pour véritablement influencer la façon dont celle-ci est exercée.

Q : Pour terminer sur une note plus légère, lisez-vous ou regardez-vous quelque chose actuellement pour le plaisir?

J’aime beaucoup regarder les documentaires et lire des livres d’histoire. Je lis en ce moment One long night, d’Andrea Pitzer, qui présente une histoire mondiale des camps de concentration. Et pour me détendre, j’écoute Narcos. Très intéressante cette série! Cela dit, ce qui me détend vraiment, c’est de faire de la poterie et je peux m’amuser des heures et des heures dans mon studio à travailler l’argile.