Expert en vedette

Experte en vedette : Dr Stuart MacLeod, FCAHS

Dr Stuart MacLeod, MACSS, est professeur de pédiatrie à la Faculté de médecine de l’Université de la Colombie-Britannique et ancien vice-président à la coordination de la recherche et agent de liaison de l’Autorité des services de santé de la Province de la Colombie-Britannique auprès des universités.

Le Dr MacLeod a eu l’occasion de planifier le processus d’évaluation et d’y participer. Il préside le comité d’experts sur l’état des connaissances sur les produits thérapeutiques pour enfants, une évaluation en cours au Conseil des académies canadiennes. Ses travaux auprès de l’Académie canadienne des sciences de la santé lui ont de plus permis de mieux comprendre le processus d’évaluation des questions soumises et de contribuer à la planification des comités.

Dans cette édition de Experte en vedette, le Dr MacLeod explique pourquoi il prise sa collaboration avec le CAC et il commente l’influence des travaux qu’il a réalisés au Canada et à l’étranger sur sa contribution au processus d’évaluation.

1) Le CAC est honoré que vous présidiez le comité d’experts sur les produits thérapeutiques pour enfants. Pouvez-vous nous raconter ce qui vous a incité à accepter ce rôle et à travailler avec le CAC?

Comme membre de l’Académie canadienne des sciences de la santé, j’étais conscient du rôle important que joue le CAC en soutien aux décisions politiques depuis un certain temps. Depuis les années 1970, la plupart de mes activités professionnelles et de recherche avaient été consacrées à la santé des enfants et, pendant une grande partie de ce temps, j’ai travaillé à titre de conseiller pour Santé Canada, la Société canadienne de pédiatrie et l’Association canadienne des centres de santé pédiatriques sur des questions sa rapportant à l’évaluation des traitements pharmaceutiques destinés aux enfants. J’ai longtemps estimé qu’au Canada, notre système de réglementation ne répondait pas adéquatement aux besoins thérapeutiques des enfants. Alors que des progrès énormes ont été accomplis au cours des 15 dernières années aux États-Unis et en Europe, il est temps au Canada de prêter une attention accrue aux pressions pour des thérapies pharmaceutiques plus efficaces et sûres pour les 20 % les plus jeunes de la population. Il est encourageant de constater qu’en demandant une évaluation sur la question, Santé Canada confirme la nécessité d’apporter des améliorations dans ce domaine capital.

2) Vous avez mené une carrière très impressionnante en pharmacologie et toxicologie cliniques pédiatriques. Comment vous êtes-vous intéressé à ce domaine? Pouvez-vous nous raconter quelques faits saillants de votre carrière?

Après avoir obtenu mon diplôme médical, j’ai fait ma formation en médecine interne pour adultes. Toutefois, j’ai commencé à m’intéresser à la biotransformation des médicaments thérapeutiques et j’ai fait un doctorat à l’Université McGill sur le développement de ces mécanismes chez les nouveau-nés. Cette expertise à ultérieurement mené à un poste au Hospital for Sick Children (HSC). Cette plateforme et le soutien généreux du HSC m’ont permis de mettre au point un programme complet de pharmacologie et toxicologie pédiatriques.  Le programme que nous avons lancé dans les années 1980 demeure encore aujourd’hui un des plus éminents programmes de recherche et de formation au monde.

Après le HSC, j’ai obtenu le poste de doyen de la Faculté des sciences de la santé de l’Université McMaster. Au cours des 15 années que j’ai passées à l’Université McMaster, j’ai été professeur au Département d’épidémiologie et de biostatistique cliniques et j’ai participé à un appel révolutionnaire à de meilleures données de recherche à l’appui des décisions médicales.

J’ai commencé à œuvrer auprès des enfants d’Afrique de l’Est dans le cadre de mes fonctions au HSC, puis par le biais des engagements de l’Université McMaster auprès du Réseau international d’épidémiologie clinique/International Clinical Epidemiology Network (financé par la fondation Rockefeller). L’occasion au cours des 25 dernières années de collaborer avec des organismes internationaux tels que l’Organisation mondiale de la Santé en vue d’améliorer les traitements pharmaceutiques destinés aux enfants des pays à faible revenu constitue un fait marquant de ma carrière.

3) Quels sont, selon vous, certaines des questions et certains des défis qui devront être abordés au Canada dans le futur pour garantir l’innocuité des médicaments pour enfants?

Le Canada devra revoir son cadre réglementaire régissant l’usage des produits thérapeutiques pour faire en sorte que les nouveaux traitements soient systématiquement validés auprès des populations qui les recevront, en commençant chez les nourrissons et en passant pas les adolescents. Dans le cadre de ce processus, la capacité de recherche du Canada doit être utilisée adéquatement en vue d’aborder les difficultés posées par les troubles du développement et les maladies génétiques rares qui affectent les enfants.

Afin de répondre aux besoins pédiatriques relatifs aux thérapies sécuritaires et efficaces, il sera essentiel que le Canada facilite l’intégration des capacités de recherche qui existent à divers endroits au pays afin que l’on puisse tirer profit de l’expertise de pointe qui s’est créée dans les domaines de la pharmacologie, de l’évaluation et de la mise en œuvre et de développer des réseaux de recherche collaborative.

4) À titre de président d’un comité d’experts qui vient tout juste d’entreprendre ses travaux, quelle est l’utilité selon vous des évaluations fondées sur des données probantes? Quels constats avez-vous faits jusqu’ici sur le processus?

L’avenir des thérapies pour les personnes de moins de 18 ans en ce qui a trait à la sécurité et à l’efficacité repose sur notre capacité de créer, par le biais de la recherche, une base de données exhaustive pour guider nos décisions cliniques. Il nous faudra aussi développer notre capacité à utiliser ces connaissances scientifiques de façon à améliorer nos pratiques. Le Canada a le privilège de pouvoir compter sur une capacité scientifique remarquable dans ce domaine et le principal défi pour le comité consistera à synthétiser les données de recherche et à les traduire en pratiques qui produiront de meilleurs résultats dans le domaine de la santé pédiatrique.

Au cours de la première réunion du comité, un large consensus s’est établi sur la meilleure voie à suivre pour informer Santé Canada afin que le ministère puisse mieux répondre aux besoins des personnes de moins de 18 ans. Des discussions avec Santé Canada ont permis de confirmer l’importance des questions posées et ont convaincu les membres du comité que l’évaluation du CAC de l’état des connaissances sur les traitements thérapeutiques sera bien accueillie. Finalement, je souhaite ajouter que le comité est privilégié de bénéficier de l’expertise de personnes qui ont œuvré non seulement en Amérique du Nord et en Europe, mais également en Asie et en Afrique — ce qui permet d’aborder la question selon une perspective internationale.