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Annette M. Cormier O’Connor, MSRC, MACSS

Annette M. Cormier O’Connor, MSRC, MACSS, est professeure distinguée et professeure émérite à l’École des sciences infirmières de la Faculté des sciences de la santé de l’Université d’Ottawa. La professeure O’Connor préside le comité d’experts sur l’efficacité de la communication des risques pour la santé, un des projets les plus récents de notre éventail croissant d’évaluations dans le domaine de la santé. Les recherches de Mme O’Connor ont apporté une grande contribution à une nouvelle branche des sciences de la santé, qui concerne le partage des décisions entre les patients et les professionnels de la santé.

Qu’est-ce qui vous a attirée au CAC ou à cette évaluation, à titre de présidente du comité d’experts?

En tant que membre de l’Académie canadienne des sciences de la santé, et de la Société royale du Canada, je cherchais une façon de redonner au Canada et aux Canadiens, qui m’ont soutenue dans mon éducation et mes recherches. Les domaines de la communication des risques pour la santé et de la décision médicale partagée se rapprochent beaucoup, ayant en commun plusieurs cadres de référence, mesures et méthodes. C’était pour moi une occasion exceptionnelle de répondre à un besoin important. J’ai été de plus très impressionnée par la gentillesse, le sens de l’organisation et les connaissances du personnel du CAC chargé de soutenir le comité d’experts sur la communication des risques.

Vous avez accompli de grandes réalisations dans des domaines comme la concertation internationale et les aides à la décision (outils dont se servent les patients pour prendre des décisions difficiles au sujet de leurs traitements). Pourriez-vous nous en donner un aperçu?

Alors que les aides à la décision passaient d’une petite industrie de recherche à une production commerciale et à une utilisation en soins de santé, l’établissement de normes encadrant leur élaboration et leur évaluation devenait essentiel. Nous avons mis sur pied un réseau de 100 parties prenantes (chercheurs, praticiens, groupes de consommateurs, responsables politiques) de 14 pays différents dans le but d’établir des critères pour l’évaluation de la qualité des aides à la décision. Ces critères ont été résumés sous forme de liste de contrôle. Dix ans plus tard, ces normes continuent d’être actualisées en fonction des découvertes qui se font concernant les meilleures pratiques à adopter pour aider les patients à prendre des décisions.

Comment entrevoyez-vous l’évolution de la science des aides à la décision destinées aux patients et de la décision partagée?

J’ai entrepris ma carrière à une époque où les patients disposaient de peu d’information, ne connaissaient pas leurs « options », et participaient très peu aux décisions qui les concernaient. Aujourd’hui, les patients sont trop informés, ont un trop grand choix et ont des attentes plus élevées en matière de participation. De plus, le temps de rencontre avec les professionnels de la santé est plus restreint et la science appuyant les options offertes a parfois la durée de vie d’une banane. Le défi pour la prochaine génération consistera à trouver des façons efficaces de présenter ces options complexes aux diverses populations, à mettre au point des systèmes de prestation « juste à temps » et à les intégrer parfaitement aux services de santé, et à réagir à l’évolution rapide de la science dans ce domaine.

Au cours de votre carrière, comment avez-vous abordé la question du mentorat des jeunes chercheurs et professionnels de la santé? Quelles valeurs souhaitez-vous le plus inculquer à ceux qui suivent votre voie?

J’ai trouvé ma véritable identité en recherche lorsque j’ai cessé d’imiter les autres et que, me sortant la tête de l’amoncellement d’articles et de données qui m’occupaient, je me suis demandé : « Comment puis-je aider les gens à prendre les meilleures décisions possible et aider les praticiens à fournir un meilleur soutien décisionnel ? » Nous devons stimuler la curiosité, la créativité et la pensée critique de la prochaine génération afin qu’elle puisse forger sa propre identité en recherche. L’intégrité et la reddition de comptes sont essentielles, tout comme le respect des diverses disciplines des sciences pures et appliquées. On ne peut comprendre et aborder les problèmes complexes sans s’appuyer sur leurs connaissances et compétences complémentaires. Dans mon domaine, diverses disciplines ont été mises à profit pour faire la transition entre les phases d’étude et d’essai des aides à la décision et celle de l’intégration aux services de santé et aux projets de politiques de la santé.