Lynne-Marie Postovit est une biologiste cellulaire qui s’intéresse principalement aux mécanismes permettant aux cellules cancéreuses de se multiplier et de résister aux traitements. Ses recherches pourraient conduire à de nouveaux traitements contre le cancer et ont même été à l’origine d’un traitement qui fait actuellement l’objet d’essais cliniques.
Mme Postovit, professeure adjointe d’anatomie et de biologie cellulaire à l’Université Western Ontario et récipiendaire du prix Meilleur jeune chercheur du Canada, nous parle de ses expériences de recherche et de bénévolat dans cette parution des Cyber-infos du CAC.
Dans ses propres mots, elle explique la nature de ses recherches :
« À peu d’exceptions près, toutes les cellules de notre corps portent le même code d’ADN. Cependant, les différents types de cellules portent des gènes différents et accomplissent des fonctions distinctes. Par exemple, les cellules de la peau produisent de la kératine qui protège le corps, tandis que les cellules de l’estomac produisent des enzymes qui aident à la digestion. Ces particularités sont déterminées au cours de la gestation, au moment où l’embryon se développe, alors que les signaux transmis par l’environnement des cellules leur dictent la façon dont elles doivent agir. Dans le cas des maladies comme le cancer, ce formidable processus est paralysé, un phénomène qui dérègle la particularité des cellules. Par exemple, les cellules d’un cancer du sein ou d’un mélanome peuvent se mettre à se comporter comme les cellules qui tapissent les parois des cellules sanguines. Ces cellules ne répondent plus de façon normale aux signaux microenvironnementaux et envoient même des signaux qui leur permettent de se multiplier, de se propager et de résister aux traitements. Nous utilisons des modèles, tels que les cellules souches, pour comprendre comment ces milieux se développent au moment de la différenciation afin de tenter de rendre les cellules cancéreuses plus normales et traitables. Nous mesurons également les agents laissés par les cellules cancéreuses dans leur environnement afin de découvrir comment elles survivent dans un environnement anormal. En révélant ces protéines clés dans l’environnement, nous découvrirons de nouvelles cibles pour le traitement du cancer. »
En plus de contribuer à notre compréhension de la façon dont les cellules cancéreuses se multiplient et dont les cellules souches se développent, Mme Postovit espère que ses recherches pourront servir à mettre au point des traitements qui sauveront des vies – un objectif à la fois ambitieux et admirable. Elle est en outre motivée par l’exaltation de la découverte.
« Je souhaitais initialement étudier en médecine, mais je me suis ravisée après avoir travaillé à ma thèse de spécialisation, qui traitait de la façon dont l’oxygène agit sur le mécanisme d’invasion des trophoblastes (les cellules qui forment le placenta). J’ai été attirée par les aspects créatifs de la recherche; par le fait de pouvoir poser des questions vraiment pertinentes et d’être ensuite la première personne à y répondre. Je me sens privilégiée de me trouver dans une situation aussi passionnante! », déclare Mme Postovit.
Pendant sa formation doctorale avec Charles Graham, à l’Université Queen’s, Mme Postovit a découvert qu’un apport d’oxyde nitrique (NO) à des cellules cancéreuses pouvait bloquer les phénomènes induits par hypoxie tels que la métastase. Cette constatation a mené à des essais cliniques de médicaments à base de NO comme traitement possible du cancer de la prostate. Pendant sa formation postdoctorale avec Mary Hendrix, à l’Université Northwestern, elle a découvert que les cellules tumorales virulentes sécrétaient une protéine de cellule souche appelée facteur Nodal. Les résultats de la recherche ont montré que l’exposition des cellules tumorales à des microenvironnements de cellules souches d’embryons humains bloquait la formation de mélanomes et de tumeurs du cancer du sein.
Lynne-Marie Postovit a récemment fait l’objet d’un article dans la revue The Scientist, en tant que scientifique prometteuse. Elle bénéficie de bourses doctorale et postdoctorale des Instituts de recherche en santé du Canada et, en 2003, elle a reçu le prix Arthur W. Ham du meilleur étudiant de second cycle au Canada par l’Association canadienne d’anatomie, de neurobiologie et de biologie cellulaire.
Elle est également membre du comité d’experts du CAC sur les femmes dans la recherche universitaire, ce qui constitue une de ses plus importantes entreprises de bénévolat, à son avis.
« Faire partie de ce comité a été une expérience d’apprentissage formidable. En collaborant avec des universitaires éminents de disciplines aussi diverses que les mathématiques, la littérature anglaise et les affaires, j’ai acquis un nouveau regard sur la façon dont les institutions et les dogmes peuvent avoir une incidence sur le destin des femmes. J’y ai également rencontré des personnes véritablement inspirantes, auprès desquelles j’espère pouvoir trouver conseil et camaraderie au fil de ma carrière. »
Elle accorde une grande importance aux évaluations fondées sur les preuves du CAC.
« Je considère que le processus des comités d’experts a une grande valeur et est très instructif. Il rassemble des esprits brillants aux expertises et aux opinions différents, et la diversité des membres du comité permet d’arriver à une évaluation plus impartiale. »
Parmi ses autres expériences mémorables de bénévolat, Mme Postovit cite une allocution qu’elle a prononcée à un groupe Shriner’s qui avait recueilli des fonds pour financer la Société de recherche sur le cancer.
« J’ai assisté à une de leurs rencontres pour recevoir leur don et pour dire quelques mots. J’ai été profondément touchée de voir les personnes qui avaient renoncé à leurs fins de semaine pour aider à financer des recherches comme la mienne et je me suis sentie privilégiée de pouvoir leur dire comment leur don précieux allait être utilisé. »
Outre sa recherche et ses autres activités universitaires, Mme Postovit se tient très occupée à élever son fils d’un an et à mener son équipe, les Scientific Striders, à la Course à la vie de la FCCS.