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Journée mondiale du microbiome

En 2018, 14 000 décès au Canada ont été associés aux infections résistantes aux traitements. De ce nombre, 5 400 étaient directement attribuables à la résistance aux antimicrobiens (RAM). Partout au Canada, des chercheurs s’emploient à développer de nouvelles thérapies pour traiter les infections résistantes aux traitements et explorent des innovations qui pourraient aider à réduire les taux d’infection. Un domaine d’étude prometteur est le microbiome.

À l’occasion de la Journée mondiale du microbiome, nous avons demandé à B. Brett Finlay, président du comité d’experts du CAC sur les incidences socioéconomiques potentielles de la résistance aux antimicrobiens au Canada, de partager ses réflexions sur le rapport Quand les antibiotiques échouent —publié par ce comité —, les microbes et son propre travail. M. Finlay est professeur distingué au Peter Wall Institute for Advanced Studies de l’Université de la Colombie-Britannique et professeur aux Michael Smith Laboratories de la même université. Il est codirecteur du programme Microbiome humain du CIFAR , où il occupe aussi la fonction d’attaché supérieur de recherche. Il est également coauteur des livres Let Them Eat Dirt: Saving Your Child from an Oversanitized World et The Whole-Body Microbiome: How to Harness Microbes – Inside and Out – for Lifelong Health.

Cela fait environ sept mois que nous avons publié le rapport Quand les antibiotiques échouent. Avec le recul, avez-vous des réflexions sur ce rapport?

Je suis très fier de Quand les antibiotiques échouent. Il s’agissait d’une étude très sérieuse, détaillée et rigoureuse qui examinait de près l’effet de la résistance aux antibiotiques sur la société canadienne de l’avenir. C’était un appel à la raison pour le monde, et elle est citée dans le monde entier pour plaider en faveur d’une utilisation prudente des antibiotiques.

Quelles leçons pensez-vous que la COVID-19 pourrait offrir au défi posé par la résistance aux antimicrobiens (RAM) et vice versa? Comment les deux enjeux sont-ils liés?

L’utilisation des antibiotiques a grimpé en flèche avec la COVID-19, même si les antibactériens n’ont pas d’effet direct sur les virus. L’autre effet important est que la société est devenue beaucoup plus « hygiénique », en utilisant du désinfectant pour les mains et toutes sortes d’autres agents antimicrobiens. Tout cela contribue à la résistance. L’autre grande leçon est que nous devons réellement respecter les microbes. Qui aurait pensé qu’un petit morceau d’ARN pourrait perturber notre monde moderne à ce point!

Comment vous êtes-vous adapté pour travailler pendant la COVID-19? Comment le travail s’est-il poursuivi ou a-t-il changé dans votre laboratoire?

La COVID-19 a eu une incidence importante sur nos recherches. Au début du mois de mars, nous avons été obligés de suspendre immédiatement toutes les expériences et avons essentiellement été bannis du campus. Ce qui est le plus malheureux est que nous avons dû sacrifier tous nos animaux, y compris plusieurs souris impliquées dans des expériences à long terme sur le Parkinson. Nous venons de rouvrir partiellement (à 30 % de capacité) et recommençons tranquillement le travail. Tous les cours universitaires ont également dû être immédiatement déplacés en ligne; nous avons donc dû nous adapter rapidement à l’enseignement sur Zoom. Toutes les réunions scientifiques ont également été immédiatement annulées, ce qui a eu une incidence importante sur la communauté scientifique. Des collègues du monde entier sont dans une situation similaire, et les effets à long terme se feront sentir pendant des années.

Si vous pouviez partager un fait sur le microbiome que vous pensez que tout le monde aurait intérêt à connaître, quel serait-il?

Dans un gramme de matières fécales, il y a plus de microbes que le nombre total de personnes sur la planète Terre.