Expert en vedette

Experte en vedette : Robert L. Evans, MACG

Robert L. Evans est professeur émérite de génie mécanique à l’Université de la Colombie-Britannique (Vancouver, C.-B.). M. Evans est membre du comité d’experts sur la compétitivité de l’industrie canadienne au regard de l’utilisation de l’énergie. Par son intérêt pour les technologies et les ressources énergétiques plus vertes et plus durables, il apporte un point de vue précieux au processus d’évaluation, qui examine l’incidence de la volatilité des prix sur les entreprises et les collectivités canadiennes.

Ci-dessous, M. Robert Evans nous parle de ces réussites antérieures.

Pourriez-vous nous dire ce qui vous a incité à vous intéresser au domaine de la conversion énergétique?

Adolescent, j’étais fasciné par les moteurs et par la mécanique en général, ce qui m’a conduit plus tard à étudier la thermodynamique appliquée et la science de la conversion énergétique à l’école de génie. Ensuite, après avoir terminé mes études supérieures au Royaume-Uni, j’ai occupé mon premier emploi aux laboratoires de recherche du Central Electricity Generating Board, une grande compagnie d’électricité desservant l’Angleterre et le Pays de Galles. Une de mes premières tâches consistait à examiner des concepts novateurs de production d’électricité, y compris l’utilisation plus efficace des combustibles fossiles pour produire de l’électricité, ainsi que des options liées à l’énergie nucléaire et aux énergies renouvelables. Ce fut véritablement pour moi le début d’une carrière consacrée à la conversion énergétique.

Quels sont, selon vous, les points saillants de votre carrière?

Après avoir travaillé pendant une courte période au R.-U., je suis revenu au Canada pour occuper un poste à titre de directeur de l’Économie et de la technologie de l’énergie au sein du gouvernement de la Colombie-Britannique. C’était au milieu des années 1970, au cours de la première « crise de l’énergie », engendrée principalement par un embargo pétrolier. Nous essayions alors de réduire notre consommation de combustibles fossiles en examinant sensiblement les mêmes options que celles considérées aujourd’hui, y compris la gestion de la demande et le recours accru aux carburants de remplacement et aux énergies renouvelables. Notre motivation était différente, bien entendu; les émissions de gaz à effet de serre ne nous préoccupaient pas encore, mais les technologies examinées étaient passablement les mêmes. Mon groupe a également participé à des campagnes d’éducation publique sur les questions énergétiques et je me suis rapidement rendu compte que les gens avaient en fait très peu de connaissances sur les questions énergétiques, et en particulier sur les technologies de l’énergie. C’est avec ce constat en tête que j’ai joint ensuite l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) pour enseigner la thermodynamique appliquée en 1981 et depuis cette époque, je donne le plus souvent possible des allocutions au grand public sur les questions énergétiques. J’ai également eu la grande chance à l’UBC de pouvoir interagir avec un large éventail d’étudiants de premier plan du premier cycle et des cycles supérieurs à titre, initialement, de doyen associé de la Faculté des sciences appliquées, puis de directeur du Département de génie mécanique.

Vous avez été directeur fondateur du Clean Energy Research Centre de l’Université de la Colombie-Britannique. Pouvez-vous nous raconter comment ce projet est né et nous décrire certaines des réussites les plus récentes du Centre?

Au terme de mon mandat à la direction du département, le doyen m’avait demandé de diriger un groupe de membres du corps professoral de l’université qui se penchaient sur la proposition de la nouvelle Fondation canadienne pour l’innovation, ou la FCI. Plusieurs professeurs des départements de génie de l’UBC s’intéressaient aux questions énergétiques et nous avions pressenti qu’une grande synergie pourrait se développer entre ces groupes si nous les regroupions au sein d’une nouvelle unité de recherche construite à cette fin. Le gouvernement provincial de l’époque avait de plus accepté de subventionner à hauteur équivalente les récipiendaires des bourses de la FCI par le biais du Fonds de développement des connaissances de la C.-B. Nous avons réussi à obtenir un financement complet d’approximativement 9 millions de dollars, dont à peu près la moitié a servi à construire le nouvel édifice et le reste à acquérir des équipements de recherche de pointe. Le Centre a été inauguré en 2006 et comptait sur un effectif de 15 professeurs. Aujourd’hui, la faculté compte 50 professeurs et 200 étudiants des cycles supérieurs y sont inscrits. Le Centre a joué un rôle de premier plan dans le lancement de plusieurs entreprises novatrices, la plus connue étant sans doute Westport Innovations, un chef de file de la technologie des moteurs à gaz naturel. Cette entreprise locale a misé sur la technologie mise au point par le professeur Philip Hill, MACG, qui a reçu en 2011 le Prix principal Encana offert par la Fondation des Prix Manning pour l’innovation. De plus, le programme de maîtrise en génie en Énergies propres, récemment mis sur pied, a grandement contribué à former une nouvelle génération d’ingénieurs qui travailleront à la mise au point et à la promotion des nouvelles technologies d’énergie propre.

Votre livre, Fueling Our Future: An Introduction to Sustainable Energy, était en nomination en 2007 pour le Prix Donner à titre de meilleur livre sur les politiques publiques publié par un auteur canadien. Félicitations tardives! Nous sommes curieux de connaître les leçons que vous avez pu tirer de ce projet ainsi que les commentaires que vous avez pu recevoir de chercheurs plus jeunes qui marchent dans votre sillage.

J’ai écrit ce livre parce que je continue de penser que le grand public doit être plus renseigné sur les questions énergétiques en général, et sur les énergies renouvelables en particulier. Je me suis efforcé d’écrire de façon à ce que toute personne intéressée par l’énergie, mais qui n’a pas nécessairement de formation technique, puisse comprendre les défis importants qui se posent à nous. Je pense qu’un des diagrammes du livre, qui illustre ce que j’appelle la « chaîne de conversion de l’énergie », montre de manière très efficace comment un nombre limité de sources d’énergie primaires sont converties en seulement trois vecteurs énergétiques, lesquels comblent tous nos besoins en énergie. J’ai réussi à m’appuyer sur ce concept pour proposer un certain nombre d’avenues énergétiques de remplacement qui pourraient être utilisées pour rendre notre monde plus durable. Le livre a reçu un accueil très favorable de la part d’autres chercheurs ainsi que de non-spécialistes, qui ont dit qu’il parvenait à leur rendre accessible un sujet relativement complexe. Dans une critique anonyme d’une ébauche du livre qui m’a particulièrement plu, l’auteur disait estimer qu’il devrait être envoyé à chaque membre du Parlement britannique et du Congrès américain!

Quel type de conseil auriez-vous pour les jeunes Canadiens qui souhaiteraient entreprendre des recherches semblables aux vôtres?

J’ai toujours pensé que le meilleur conseil que l’on puisse donner aux jeunes est d’emprunter des voies qui les intéressent et les passionnent. Heureusement, nombre d’étudiants en génie qui se présentent à nous sont passionnés par la perspective d’améliorer notre situation énergétique actuelle et plusieurs souhaitent ardemment mener une carrière dans le domaine des énergies durables. J’essaie simplement de les encourager dans la mesure de mes compétences et je leur suggère de ne pas oublier qu’il est tout aussi important d’être capable de communiquer ses idées aux décideurs et au grand public qu’aux initiés.